Métaphysique et représentation

25/06/2015
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Présidence : Maria João Branco

Souvent caricaturé, le rapport de Nietzsche à la métaphysique s’avère plus complexe que ce qu’une lecture superficielle pouvait le laisser présager. Si La naissance de la tragédie combat tout idéalisme rationaliste, elle n’en professe pas moins une véritable métaphysique, postulant que seul l’art peut combler la fissure entre être et phénomènes. Crépuscule des idoles, lui, récusera l’ensemble de la métaphysique, la jugeant non seulement fausse, mais nuisible. La présente conférence tentera, au-delà des contradictions, de mettre en lumière une certaine continuité entre les trois périodes de Nietzsche, en montrant comment Humain trop humain constitue une étape cruciale dans son appréhension de la métaphysique. Reniant Wagner et Schopenhauer, Nietzsche va, dans cet ouvrage, refuser à l’art tout pouvoir métaphysique ; la métaphysique elle-même se voyant dépossédée de son statut particulier qui la différenciait des autres activités humaines. En tant qu’activité humaine, justement, son rôle et sa signification ne vont plus être évalués d’un point de vue ontologique, mais de celui de la Cultur.
Nous accorderons une attention particulière à la notion de représentation. Dans La naissance de la tragédie, la métaphysique se voyait estimée en tant que seul moyen nous donnant accès à un monde situé hors des représentations. En abîmant la métaphysique dans le monde des représentations, Humain, trop humain nous prive du dernier accès à une réalité non empirique. Dans cet ouvrage, Nietzsche va commencer à entrevoir un nouveau moyen d’accès à la réalité dernière du monde, qui le mènera à substituer une philosophie de l’incorporation à la philosophie de la représentation.

Yannick Souladié investigador Toulousse